M. est presque centenaire. Si ses jambes ne le portent plus, sa tête fonctionne encore à merveille. Il m’a conté cette belle histoire.
Il défendait la ligne Maginot quand il a été fait prisonnier des Allemands en 1942.
Affecté à un commando agricole dans le Wurtemberg, il est tombé sur des fermiers qui se sont révélés très humains. Le valet de ferme est venu lui serrer la main avant d’être mobilisé sur le front français. Et mon ami de lui dire : Tu sais, Karl, la guerre, ce n’est pas beau. Karl fut plus tard envoyé en Russie ; d’où il n’est jamais revenu.
La guerre terminée, les enfants du fermier, devenus adultes, sont venus rendre visite en France à leur ancien prisonnier qui les a reçus comme des amis. Alors, les Allemands ont invité M. chez eux. Et mon ami a été reçu comme un prince dans le village.
Une histoire qui a été possible car ces gens ne se sont pas considérés comme des ennemis ou des étrangers ou des êtres différents, mais simplement comme des êtres humains.
Le fait d’avoir travaillé ensemble y est sans doute pour quelque chose.
Une autre belle histoire toute fraîche
Des migrants sont arrivés en Suisse où ils ont été placés dans un lieu de campagne assez isolé. Les habitants craignaient d’avoir ces « étrangers » parmi eux.
Alors une dame du village a l’idée de les inviter à jouer et chanter ensemble dans une petite salle avec les gens du village qui le souhaitaient. Enfin, les réfugiés ont pu se mettre à rire. Et le facteur suisse de déclarer : Je prends le temps de jouer avec eux. Maintenant, je n’ai plus peur d’eux : ils sont même devenus mes amis.