22 septembre – 2 octobre 2015
Nous quittons l’Ibis Orly pour l’aéroport où nous retrouvons facilement notre groupe de Français retraités sympathiques et notre guide, Colette Deremble, tout petite, déjà habillée à l’iranienne.
Au guichet d’Iranair, on refuse de m’enregistrer car le nom inscrit sur le billet d’avion, est Mme Libbrecht ; ce qui ne correspond pas à celui de mon passeport qui est mon nom de jeune fille. Discussions, recherche de papiers où se trouveraient mes 2 noms : rien ! L’angoisse : est-ce que je rate le voyage ou est-ce que je paie un nouveau ticket ??? Les employés qui se succèdent qu guichet me promettent le remboursement à mon retour à Paris. Ce que je n’ai jamais pu obtenir !
L’avion a 2 heures de retard. A l’atterrissage à Téhéran, nous avons mis nos voiles sur la tête. Nous trouvons notre guide Ali et montons dans un car qui nous mène à QOM.
QOM est une ville sainte car la soeur de l’iman Reza, Fatima, y est enterrée dans un tombeau du 9e siècle. C’est la ville d’origine de l’Ayatollah Khomeiny et l’on croise beaucoup de mollahs.
Nous roulons toute la journée entre le désert et les monts Zagros. Un arrêt à pour voir la mosquée seljoukide Pa Manor de 1068, remarquable par son jeu de briques, puis la mosquée Jameh.
Enfin un superbe mausolée moghol dont le minaret est couvert de magnifiques céramiques vernissées faite de turquoises et de cobalt. Les trois sujets dessinés sont : l’écriture, la nature et les mathématiques.
La mosquée de l’Eman, celle de Sheik Lotfollah. Nous restons des heures à admirer les compositions abstraites où la mathématique se mélange à la géométrie et à l’écriture qui est belle en elle-même.
La beauté des briques émaillées
C’est l’apogée de l’art seldjoukide où les lotus, pivoines, feuilles biphides s’entremêlent dans un jeu de lignes et de lettres saisissant. Les seldjoukides se convertissent à l’islam en 1060. Sur les côtés de cette place, des arcades où se tenaient les boutiques.
Le palais d’Ali Kapur, grand monarque, est au milieu de la place avec une terrasse dominante. Nous montons jusqu’au salon de musique où se trouvent des peintures extrêmement fines.
Visite chez le miniaturiste Ali Fotowat qui nous fait une démonstration de sa peinture avec des pinceaux de poils de chat! J’y achète une miniature du poète Hafez, érudit compliqué de Shiraz.
- Les poètes :
- 900 : Roubaki
- 1000 A la demande du roi Shah NameuFerdousi écrit l’histoire des rois, 60.000 vers
- 1050 Omar Khayam, mathématicien et poète : humour et critique
- 1141 : Nisami est un azéri, difficile à traduire, mystique, Le livre d’Alexandre ;
- Hatar : La conférence des oiseaux, métaphore de la sagesse spirituelle
- 14e siècle, Saadi et Hafez, poètes mystiques qui parlent du désir de Dieu.
Les Arméniens, installés depuis des siècles en Iran, y ont construit tout un quartier avec écoles, église, etc. L’église de style néo-roman qui date de 1664 est très simple à l’extérieur mais débordante de fresques à l’intérieur. Dans le musée voisin, une mitre du 19e siècle montre une croix avec des anges qui enlève le Christ.
Dîner dans le jardin magnifique de l’hôtel Abassi.
Au jardin des 40 colonnes, Colette nous explique que le jardin dans la culture iranienne de l’époque représente le paradis, évoque la puissance céleste et montre la puissance du roi. Les peintures du pavillon montrent le paradis, représenté par le jardin, le banquet (carafe solaire et coupe lunaire) et la chasse. Au pavillon des 4 paradis, sont peints 30 oiseaux.
Quittons Ispahan pour Naïn, ville de 30.000 habitants au milieu du désert où l’on parle encore le dialecte ancien. Les maisons comportent des ouvertures qui rendent la température plus agréable. Une mosquée de l’an 900 avec des colonnes en briques et en stuc.
Nous reprenons la longue route au milieu du désert. Montons à pied aux tours du silence où les zoroastriens mettent les cadavres de leurs défunts. Quand les vautours ont fini de manger les chairs, les os sont rassemblés pour être placés dans un ossuaire.
Nous visitons une ancienne ville et pouvons voir une tour de vent : système simple et pratique avec des orifices dans le bas qui provoquent des courants et rejettent l’air chaud vers le haut dans un pays où la température atteint souvent 40 degrés.
Soirée étonnante au club de Zurkané. Cet ancien sport achéménide est actuellement surtout pratiqué par la classe ouvrière. C’est un sport de lutte libre qui se fait à grand renfort de musique avec tambours. Cela commence dès le plus jeune âge/ des garçons de 10 ans commencent à faire tournoyer des massues, puis de jeunes gens et enfin les champions avec d’énormes massues.
360 kms dans le désert.
Première halte à ABARKUH pour visiter un mausolée seldjoukide.
Puis nous traversons le Zagros et le paysage commence à changer.
Dans l’oasis de TURS, admirons une glacière en forme de ziggurat. On y gardait les poissons et viandes salées dans l’au, la paille et des blocs de glace. 2 portes pour établir un courant d’air ; une coupole haute qui réduit le temps d’ensoleillement. Ce système ingénieux a été utilisé jusqu’en 1930.
Après les montagnes, nous arrivons dans les plaines cultivées qui ont jusqu’à 3 récoltes par an.
A PASARGADES, le tombeau de Cyrus est une grosse déception. Il était entouré de colonnades et de jardins ; les bijoux et l’or placés à l’intérieur ont été volés. Subsistent 3 degrés de mégalithes, un escalier qui fait penser à une ziggurat.
Traversons la route pour nous rendre à NAQSH-ROSTAM pour voir les tombeaux des rois Xerxès, Darius I et II qui sont creusés dans la falaise rocheuse ornés de reliefs avec défilés de soldats.
Lever matinal pour être les premiers sur le site que j’attendais avec impatience : PERSEPOLIS, cette merveille de l’art achéménide qui a été brûlé par Alexandre. A l’entrée, des colonnes gigantesques où se retrouvent tous les styles. En bas, de ces chapiteaux composites, influence égyptienne avec lotus et ombelles ; au milieu, volutes ioniennes, ; en haut, des têtes de taureaux assyriennes.
D’immenses escaliers permettaient les cortèges d’offrandes des peuples au grand roi. Ceux-ci sont magnifiquement sculptés sur les reliefs subsistants. La salle hypostyle de l’Apadana faite de colonnes de cèdre a complètement disparu dans l’incendie.
Arrivée à SHIRAZ, ville à son apogée aux XIII et XVe siècles, puis détruite en 1747. Karim Khan a fait construire la citadelle et la mosquée du Régent. Dans celle-ci, de jolies colonnes torsadées mais les céramiques portent des roses un peu mièvres.
Dans la mosquée Nasir-Al-Molk, ce sont des paysages européens qui figurent sur les carreaux émaillés.
L’après-midi, nous allons prier à la mosquée Shah Shirak. Après la séparation des sexes, nous sommes enveloppées des pieds à la tête par le tchador afin de pouvoir pénétrer dans la mosquée. Celle-ci est bâtie autour d’un mausolée garni d’éclats de miroir. Chaque groupe est accompagné d’une personne portant un large bandeau International affairs qui est chargée de nous guider. Très avenante, elle veut répondre à nos questions et explique le chiisme est une religion de paix. Aussitôt la question d’une d’entre nous fuse : « Et Daech ? »
Plusieurs Iraniennes se lèvent pour répondre : « Mais Daech, ce n’est pas l’Islam ! » Toutes ces femmes nous sourient et nous regardent avec sympathie.
On nous avait prévenus que la prière à la mosquée ne ressemblait pas au recueillement de la nôtre. En effet, les petits enfants accompagnent leurs mamans qui bavardent ou regardent un livre, prennent le sein, crient ou pleurent, courent entre les femmes assises. L’ambiance est fraternelle et bon enfant.
Départ de Shiraz à 8 heures du matin. Après la traversée de montagnes désertiques, quelques amandiers et chênes qui sont remplacés par des palmiers quand nous arrivons dans la plaine.
BISHAPOOR est une ancienne ville sassanide (224-642) dont on voit encore les murailles aux donjons arrondis.
Avant de quitter Shiraz, allons au mausolée du poète Hafez situé dans un joli jardin. De nombreux visiteurs iraniens y viennent en famille.
Puis prenons l’avion qui nous mène à 23 heures à Téhéran. Courte nuit au très bel hôtel Nisou.
Face à l’église arménienne, se trouve le temple zoroastrien que nous pouvons visiter après demande instante. A l’intérieur, des prêtres en blanc entretiennent un feu.
Passage au bazar où les baux tapis voisinent avec les soutiens vert fluo !
Après, c’est le Musée national plutôt décevant malgré la belle statue de Darius, quelques reliefs d’archers et des colonnes composites.
Puis le musée des céramiques et le musée ABAssi, qui expose sur 3 étages des enluminures, des céramiques et des bronzes du Louristan.
Le soir, repas de gala à l’hôtel qui est géré par un Iranien ayant épousé une Italienne. La finesse italienne se sent partout.
Tandis qu’une partie du groupe dont mon mari va vers le Nord, je décide de prolonger la visite de Téhéran avec les Touzet et les X.
Le matin, panne d’électricité : de ma chambre, je ne puis téléphoner. Dans le corridor, tout est tellement noir que je ne peux trouver une porte de sortie. L’angoisse monte en moi tandis que par la fenêtre, je vois le buffet du petit déjeuner. J’appelle notre guide sur mon portable, puis un compagnon du groupe. Rien ne bouge. Je repars à tâtons dans le corridor et entends des voix françaises de l’autre côté d’une porte ; je la pousse, c’est l’escalier, je suis sauvée. Mes compagnons croyaient que je dormais encore !
Sous la bonne conduite de Xavier, nous partons en taxi au palais royal, intéressant au point de vue historique mais sans beauté. Seul le grand escalier entouré d’éclats de miroir (c’est une mode en Iran) est grandiose.
C’est fascinant de marcher en ville, de voir cette circulation folle qui ne s’arrête jamais aux passages piétons mais klaxonne pour dire bonjour aux touristes. On risque sa vie à chaque traversée de rue ou de carrefour.
Nous marchons dans la ville, prenons le métro, rencontrons les gens. Les jeunes qui parlent anglais nous demandent tous : « Qu’est-ce que vous pensez de l’Iran ? »
Femmes voilées pique-niquant gaiement entre elles
La sortie de métro qui va au bazar déverse des flots de femmes voilées toutes noires.
Nous décidons d’aller nous acheter des raisins au bazar et pique-niquons sur les bancs d’un petit jardin public.
Puis traversant un grand parc public, nous voyons un kiosque rempli d’hommes jouant aux échecs. Nous allons y prendre un « chai » au milieu des joueurs. Et arrivons au Musée des tapis de très belle architecture et de belles œuvres qui font vibrer mon goût des tapis alors que je n’en ai sagement acheté aucun.