En montant vers les hauteurs des Alpes, nous ne voyons que promeneurs, cyclistes : la terre est brune, brune. Seul le Mont Blanc est encore blanc.
A St N. de V., 1100 mètres, le village est comme en plein été et des voitures pressées les unes contre les autres. Nous continuons à monter jusqu’à 1500 mètres. Le parking est plein mais la neige a été remplacée par un immense tissu blanc qui entoure le restaurant. La station a tenté d’aménager pour les enfants 3 pistes de ski au milieu de l’herbe. Etrange spectacle qui rend impossible toute montée plus loin. Pas de téléski, ni de motoneige, encore moins de voiture possible. Seul le télésiège du chef-lieu reliant le village fonctionne gratuitement pour consoler les pauvres touristes déçus. De mémoire de Savoyard, on n’avait jamais vu cela !
Alors que je vais interroger notre ami restaurateur, E. empoigne le chien et décide de monter à pied. P. nous déconseille fortement de monter sans crampons à cause de la glace vive qui s’est formée. Un habitué de la montagne a eu un traumatisme crânien en marchant plus haut.
Je redescends alors en télésiège pour acheter des crampons qui sont épuisés dans le premier magasin. J’en trouve dans le second et remonte.
Au resto, on me prête 2 bâtons et je m’offre une soupe pour prendre quelque force avant de monter. Une serveuse me conseille de demander de l’aide aux pisteurs. J’hésite à m’adresser au chef qui est souvent revêche. Puis je me décide et lui expose tout le charroi et les vivres périssables que nous avons à monter au chalet. Contrairement à toute attente, la réponse est positive : ils doivent de toute façon monter chercher quelque chose au Plane, soit à côté du chalet.
Je me hâte de sortir de la voiture les objets les plus fragiles et importants que je charge sur le quad avec l’aide de Mario. Puis je monte derrière le chauffeur sur le quad qui est dûment chaîné. La montée est secouante entre les bosses de l’herbe, la glace qui nous fait virevolter, les rares traces de neige mais nous arrivons au chalet, sains et saufs à la grande joie d’E. Le gentil M. nous propose de monter encore le reste des bagages avec E.
Celui-ci est monté péniblement, tiré parfois par le chien. Arrivé au chalet, le volet électrique ne s’ouvre pas. Il lui faut donc entrer à 4 pattes par le trou d’homme secret qui est installé au cas où l’électricité ne fonctionne pas… Mais elle fonctionne et il allume le chauffage.
Après avoir charroyé, porté, rangé, nous nous asseyons pour souffler.
La montagne, ça se mérite, dit E., heureux d’être là.
Seule une bonne flambée me réconcilie avec la vie !
30/12/15